Freluquet

Dominique Poiret2022

« La céramique est venue à moi tardivement, hormis une expérience enfantine avec le potier de mon village », avoue, Florent Dubois (né en à 1990, à Besançon). Il a tout d’abord étudié le dessin et la peinture pendant 5 ans aux Beaux-Arts de Lyon (2008-2013), où il y découvre également la pratique de la terre auprès de Sylvie Auvray qui l’enseigne. « À l’époque, l’école avait uniquement acheté un four tellement grand qu’on ne pouvait pratiquement jamais sans servir. Plus tard, il y en a eu un plus petit plus simple à utiliser. Avec un ami, on a décidé de s’y mettre, on s’est cotisé, on a acheté des émaux et on s’est lancé un peu à corps perdu en autodidactes », se souvient-il. Avant de la pratiquer de façon plus professionnelle, la céramique est présente dans ses œuvres picturales, sous forme d’objets utilitaires provenant de Sarreguemines, de Vallauris… ou d’images qu’il collectionne. « La céramique est venue comme cela, en me débrouillant pas mal tout seul. J’ai eu la chance ensuite qu’on me donne un petit four ; cuisson après cuisson, je suis vite devenu autonome », confie-t-il. Après la faïence, il découvre aux Beaux-Arts de Caen-Cherbourg, où il est responsable de l’atelier céramique, le grès et la haute température. Aujourd’hui, il manipule haute et basse temp les deux, séparément ou ensemble, en fonction du rendu qu’il désire et des couleurs, auxquelles il est très attentif. Il reconnaît, « l’émaillage, c’est ce qui m’a le plus fasciné dans la céramique, par exemple, les textures Vallauris, les effets de laves, de bulles, de craquelures. En fonction de celui-ci, on change le sens d’une sculpture, l’émail raconte une histoire, une goutte parfois devient   larme ou crotte de nez. Les textures se mélangent, évoquent la peau d’un reptile ou le brillant d’un bonbon.» Ces matières on les retrouve sur ces pièces inspirées des face pot ou fat lava, en forme d’oignons, de gousses d’ail…  qu’il humanise encore plus car ils sont déjà humanisés. « J’adore cet univers totalement kitsch constitués, de petits paniers, de petites bergères, de princesses, d’ arlequins, c’est tout cela qui m’anime beaucoup », explique-t-il. Ce petit monde, baptisé, Freluquet, par son côté enfantin, on le découvre dans les deux salles de l’Atelier Blanc.  Dans la première, quatre petits corps (deux grès, deux faïences) recouvert de couvertures, aux motifs de personnages, semblent dormir, dont on n’aperçoit que les visages qui se regardent ainsi que ses dessins au mur qui regardent les céramiques, tout n’est que jeu de regard. Dans la seconde, nous sommes plus dans le quotidien, une variation de  contenants, une trentaine d’objets, plutôt des sculptures qui jouent à l’utilitaires (vases, pots… ) mais détournés de leur fonction présentée dans des étagères. Kitsch et British, vont de pair chez Florent Dubois, il assume d’ailleurs , « une sensibilité un peu extravagante, un grand goût pour la céramique anglaise, les premières que j’ai collectionné, je les ai acheté en Ecosse, des objets du quotidien, dandy et décadent à la fois »

Revue de la céramique et du verre, novembre-décembre 2022